Le nouveau jour. Un nouveau départ. Vue de ma fenêtre à Évora. |
Ça fait déjà presque trois semaines que je suis revenue et je ne sais plus par quoi commencer tellement j’ai été prise de court lors de mon retour. Il y a comme un étranglement d’émotions contradictoires qui se passe en moi depuis et ce n’est qu’aujourd’hui que je m’essaie à traduire ça en mots, sur « papier ». Peut-être que commencer par le commencement irait mieux… Je vais essayer comme ça.
Comme vous le savez par mon dernier billet, je suis partie à la dernière minute au Portugal pour un colloque. Je suis partie seule, laissant mari et bébé de 6 mois derrière. Je suivais mon instinct de survie qui me disait, non, qui me criait, de m’y rendre, y voyant une chance incroyable de plonger dans le monde fascinant de mon prochain projet en liste : une maîtrise en histoire de l’art dès septembre. Renouer avec ce passé et cette passion qui m’animait jadis a été tout à la fois exaltant et épeurant. Me permettre de vivre un rêve enterré six pieds sous terre n’est pas chose aisée dans mon quotidien de maman à la maison. Car, si étrange soit-il, ça a fait « mal » de vibrer autant et surtout (!!!) de réaliser que je ne me le suis pas permis depuis au moins les 7 dernières années…
[Mettons le pathos de côté pour le moment…]
Je me pensais donc forte de mon autonomie, de cet instinct de survie personnelle pour partir le cœur léger. Ou la la… j’ai pleuré comme une madeleine à l’aéroport. Je savais que j’avais fait le bon choix, mais bon, faut croire que les : adieu, à la semaine prochaine amoureux et bébé, peu importe ce qu’il arrive, je vous aimerez toujours et je vous ai toujours aimé; pincent une corde sensible chez moi. Une fois seule, là ça allait mieux, sauf quand je repensais à ce que je venais de faire ou voyais des petites familles partir ensemble …
[Non mais, est-ce que ça vient avec l’accouchement ce sentiment indélébile de culpabilité que toutes les mamans semblent avoir? M-e-r-d-e!]
Alors, me voilà dans l’avion prêt à décoller et c’est à ce moment-là que j’ai également décollé vers les horizons qui m’attendaient au Portugal. Pour me calmer, je respirais par le cœur et je me sentais vibrer de plus en plus. La tristesse de quitter les miens s’est transformée en allégresse et joie d’être enfin seule avec moi-même (ce que j’avais grandement besoin), de partir vers l’Europe (cette terre où j’ai toujours rêvé d’habiter, où je me reconnais et où je me connecte avec une partie de moi que Montréal ne connais pas et qui avait d’ailleurs très soif) et d’enfin vivre follement et passionnément ma vie comme je l’ai toujours rêvé. Connaissant la rareté et l’unicité des moments à vivre, je dois vous avouer que pour une rare fois dans ma vie, j’ai vraiment senti la force du moment présent. Je me suis mentalement obligée de m’arrêter et de me sentir vivre chaque moment, sans penser à la veille ou au lendemain et le résultat a été plus que positif. J’ai donc déambulé dans Lisbonne et Évora en sentant chaque fibre de mon corps qui jouissait d’être là, d’être au Portugal, d’avoir suivi cette idée folle et de l’assumer et de m’assumer totalement.
Et si je peux résumer mon expérience, je peux dire que quand on vibre autant, quand on assume enfin qui on est, ce qu’on désire et ce qu’on rêve : 1) rien ne peut nous arrêter 2) on attire ce qu’on projette. Ce qui veut dire que mon voyage (outre une ou deux anecdotes) m’a fait voyager au cœur de moi-même comme jamais je n’avais voyagé. J’ai rencontré des gens d’une hospitalité et d’une gentillesse débordante. J’ai fait des contacts avec les plus grands chercheurs sur l’art du 15e siècle (c’est drôle comment le réseautage va tout seul quand on est dans la bonne paire de souliers). J’ai vu des chefs d’œuvre d’une beauté élégante. Et j’en passe. Ce fût une semaine renversante! … D’où la douleur du retour à ma réalité de maman à la maison (qui ne me convient pas présentement, c’est maintenant évident!) avec en bonus un bébé en poussée dentaire (lire crise!) et puisque le plaisir des dents ne vient jamais seul, on a eu 2 semaines de fesses gercées en permanence ainsi que 2 semaines de gastro/diarrhée ! Yipee!
Je peux vous dire que là, les dents sont sorties, mais la maman est fatiguée autant mentalement que physiquement! Toute l’énergie positive personnelle accumulée est comme disparue en fumée. Pour m’y reconnecter, je dois faire de gros efforts de concentration. On dirait que j’ai un nuage noir par-dessus la tête qui m’empêche d’être heureuse et de penser à tous ces beaux moments qui m’ont grisée.
[Alors, si vous connaissez une bonne gardienne dans Ahuntsic (genre milieu familial) où je pourrais laisser en toute confiance mon petit pou à temps partiel pour le moment et à temps plein en septembre, faites-moi signe. Vous aurez participé à mon mieux-être psychique!]
Voici ce que j’ai appris sur moi pendant une semaine :
- Quand je suis fatiguée, tout paraît plus sombre, même si le soleil brille autour de moi. Résultat : Quand je suis fatiguée et me sens déprimer/broyer du noir/être irritable à rien, j’essaie de ne plus m’en faire et de remettre au lendemain mes questionnements existentiels.
- Je me sens à ma place entourée d’intellos et maintenant j’accepte et choisis d’être différente.
- Je me sens à ma place dans le milieu artistique. Il faut que je vive pour et par le beau.
- Je me sens à ma place dans un monde de colloques internationaux, à voyager plusieurs fois par année. J’aime voyager et ne peut me passer de toutes ces nouvelles découvertes que ça implique.
- Ça m’a manqué l’histoire de l’art. Je reprends la barre avec beaucoup de plaisir.
- J’aime mon enfant, mais j’étouffe à la maison. Je veux le mieux pour lui (donc lui offrir une maman à la maison) mais ce n’est pas lui rendre service que d’avoir une maman qui n’est pas à sa place. Ceci doit changer.
- Écrire tout ça m'a fait un bien immense. J'ai l'impression d'en avoir moins sur les épaules. De plus, le nouvel horaire de la maison me laisse plus de place et ça, ça fait du bien!
Sûr ce, j’espère que mon histoire vous aura fait voyager, réfléchir ou rêver. Au plaisir de vous partager mes prochaines découvertes culinaires et autres états d’âme de jeune maman à la recherche de sa vraie nature!
Désolé, je voulais t'écrire avant mais c'ets une grosse semaine... Ton billet m'appel et en même temps je sentais que tu avais besoin de réconfort... Vibrer, se sentir vibrer, c'est nécessaire en tant que personne, mais surtout en tant que Maman. J'admire les Mamans qui prennent leur destin entre leurs mains pour devenir meilleur et assurer leur survie (mentale) mais surtout celle de leur famille. Comme je l'ai écrit ailleurs cette semaine, la vie nous rammène assez rapidement sur le bon chemin si nous ne prenons pas les bonnes décisions. Dans mon cas, malgré plusieurs tentaives, ma place est clairement à la maison pour le moment mais il y a un prix à payer, tu as juste à lire mon billet sur la journée de la femme pour comprendre... Bonne chance, fais-toi confiance ;)
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